Depuis le salon de mon appartement, j’entends la mer qui se frotte aux rochers, Interminable va-et-vient l’eau sur la roche volcanique…

Île sortie de l’océan par accumulation de lave, nous sommes presque au milieu de l’Atlantique, sur la dorsale océanique. La masse du volcan Pico, avec ses pentes à plus de 40°, est impressionnante : 2350 m de hauteur !! Quand on est sur l’eau, on se sent tout petit face à lui…

Le végétal est omniprésent. La flore, verdoyante, contraste avec la roche noire et le bleu du ciel et de l’océan… Végétation tropicale, sous un climat tempéré océanique – nous sommes aux Açores.

La résidence est un petit paradis, perdu dans le feuillage des arbres, bercé par le bruit de vagues et le chant des oiseaux…

L’océan est immense, et j’aime rester de longs moments à le contempler… Lorsque la nuit tombe et que le reflet de la lune s’étend jusqu’à l’horizon, le temps s’arrête et l’ambiance devient irréelle – croissante toute la semaine, la lune finira pleine le soir du dernier jour…

Jeux de formes avec les nuages,

Ciel légèrement étoilé,

Paysage envoûtant,

Chant de la nature.

Dans un tel environnement, on pourrait choisir de rester sur place, à se détendre et à se régaler de la beauté du site, mais non, nous sommes venu pour découvrir des êtres bien particulier :

Les Dauphins.

Des petites statuettes dans mon enfance,

Un rêve, où dans un mètre d’eau, un dauphin nage dans mon salon,

Un livre déclic,

Et me voilà !!

Animal tu nourris ma curiosité,

Esthétisme ? Mysticisme ?

Ton évolution est si particulière,

Jusqu’à ce sourire que tu as lorsque nous nous rencontrons…

Avec moi, d’autres gens sont là. Les raisons qui nous ont décidé à venir sont diverses. Je me retrouve dans certaines : des rêves, la joie et le jeu, l’enfant intérieur, la co-création…

La première sortie en mer est fantastique : nous verrons d’abord par deux fois des cachalots, qui se laisseront approcher d’une trentaine de mètres, avant de plonger en nous saluant d’un signe de caudale.

Ensuite ? Des dauphins par dizaines !!

Ce jour-là, je vais me retrouver 5 fois dans l’eau avec eux.

La première rencontre est rapide, quelques secondes, mais tellement forte !! Ensuite prendre le temps d’écouter leurs chants, quand ils ont disparu visuellement… Grand moment !!

Les rencontres suivantes sont de plus en plus longues. Une fois, je nage en plein milieu d’eux, et je me sens dauphin un instant. Ils sont une dizaine autour de moi, leur nage est lente, adaptée à la mienne, et j’ai l’impression de faire partie du groupe.

Pas besoin d’être forcément à l’eau pour se régaler. Du bateau, on les voit très bien évoluer. Jambes dans le vide à la proue, je les regarde approcher l’étrave du bateau, sauter devant et sur les côtés, changer de cap à une vitesse folle. L’eau est suffisamment claire en surface pour les suivre du regard quand ils sont en plongée, entre deux eaux – et entre deux sauts. De nombreuses fois, nous sommes  » escortés  » par un groupe, en tête et autour du bateau…

Lorsque ce sont les autres plongeurs qui sont à l’eau, l’émotion que je ressens est également très intense. Deux par deux, ils se glissent dans la grande bleue…

Les dauphins les entourent, sautent près d’eux, et quelques uns se font approcher de très près… Tout le monde pousse des cris de joie lorsqu’un plongeur vit des moments exceptionnels : tête-à-tête prolongé, cercle de dauphins autour de lui…

Nous partageons tous leur bonheur, et j’en ai plusieurs fois les larmes aux yeux.

– Joie collective. Euphorie contagieuse…

Puis revient mon tour. Je plonge et nage à leur rencontre. Beaucoup disparaissent presque instantanément, mais pas tous – plusieurs se rapprochent de moi… et par-dessous me scannent… Des images de mon anatomie en 3 dimensions – peut-être plus – sont gravées dans le cortex de dauphins tachetés – comme sont désormais gravés dans le mien leurs silhouettes et leurs sifflements. Mémoires reliées.

Mes quatre premières plongées se font au milieu des dauphins tachetés. La cinquième, dernière du jour, se fait avec les dauphins communs. Quand je me mets à l’eau, accompagné d’Armelle, ce que je vois d’abord est un bébé dauphin, qui, effrayé par notre présence, fonce vers les profondeurs rejoindre un groupe immobile loin sous nous. Cette image de dauphin miniature, de 80 cm environ, fendant l’eau pour aller se mettre à l’abri est très touchante… très rapide aussi !! J’essaie de lui faire savoir qu’il ne risque rien, mais il a déjà disparu… Dans le groupe de dauphins présents, je remarque de nombreux autres bébés. Ils restent près de leur mère – ou autre adulte – hors d’atteinte de nous, mais bien visibles… Cette plongée va durer, et même si aucun dauphin ne viendra très près de moi, c’est un moment très fort que je vis dans l’eau… visite de nursery !!

Le retour au port, après plus de 4 heures de mer, ce vit dans un mélange d’euphorie et de sérénité…

« Aujourd’hui est un cadeau, et c’est pour ça qu’on l’appelle le présent !! » Le lendemain et les jours qui suivirent furent de la même veine…

À vivre,

À revivre peut-être,

À partager sans aucun doute…

« jeudi 5 août 2004 – 20 à 30 tursiops pour une dernière sortie en mer, de Faïal, très tranquilles et patients, le cadeau final. C’est vrai qu’ils sont énormes ! Plein de clics de tout cœurs !!! Nath et Chris »

Lire ces quelques mots – par SMS, merci Nathalie et Christophe – m’a fait replonger au cœur de l’aventure que je viens de vivre.

Emotion et joie intense !! Secondes absentes, voyage intérieur…

Replonger !! Le mot est de circonstance !

Avoir nagé avec les dauphins me laisse différentes impressions : C’est comme si l’histoire n’était pas terminée, comme si la page n’avait pas été tournée. Les enseignements de cette expérience n’ont pas fini d’apparaître, loin de là. Ainsi chaque jour, ils se combinent avec des nouvelles expériences, m’entraînant vers je ne sais quoi…

De belles graines ont été semées. Quelles sont celles qui germeront d’abord ?

Ce qui est intéressant, c’est que certaines vont attendre des années avant de s’ouvrir, dans l’attente d’une terre adaptée, dans un contexte particulier.

Graines de joie.

À cultiver en toutes saisons.

Conseils d’utilisation

Ajouter une dose quotidienne d’attention,

Baigner le tout régulièrement dans l’amour frais,

Elles s’épanouissent sous le soleil aussi bien que sous la pluie,

Et feront le bonheur des enfants que nous sommes…

Particularités

Apprécient les esprits ouverts et fertiles,

Forte inertie et rayonnement important,

À semer sans modération.

Le sillon est tracé,

Chaque contact, chaque effleurement raniment la flamme,

Les graines sont déposées,

L’essence de ce que j’aime est là :

L’imprégnation n’est pas encore généralisé mais gagne du terrain,

Je la sens se renforcer et se répandre en moi…

Le soleil et l’eau feront bientôt pousser des fleurs de joie…

La voie choisie peut paraître, après coup, évidente,

Le chemin effectué cohérent.

Lorsque celui qui vient le devient à son tour,

– sans être simple –

Le parcourir se révèle alors agréable et ludique…

Outre le plaisir que cela peut entraîner

– d’être si bien entouré –

Mon chemin doucement se profile,

Parcouru d’amis…

Les contours apparaissent nettement,

Tout semble être à sa place.

La destination est inconnue,

Mais le paysage est familier.

Impression de synchronicité,

Coïncidences et affinités,

Me donnent foi en l’avenir,

Quel qu’il soit…

Sentiment de liberté totale,

L’imprévu disparaît avec l’absence de prévision,

S’abandonner à l’abondance,

Sans compter, se donner à la vie…

Nicolas