Rencontres magiques aux Açores

Ma première rencontre avec les dauphins a eu lieu le 24 décembre 1971. J’avais tout juste 7 ans. Tandis que j’attendais impatiemment le passage du Père Noël, une chaîne de télévision diffusa le film pilote de la série « Flipper le dauphin », intitulé  «Aventures en Floride». Ce fût un véritable coup de foudre.

Quarante années après, ils font toujours partie de ma vie. A l’époque, je ne réalisais pas combien ils étaient malheureux dans leur prison et comme je passais mes vacances d’été sur la côte d’Azur, chaque année j’allais les voir au Marineland de Biot et ce pendant une vingtaine d’années. Puis, à chaque passage dans la région. En 1973, comme je vivais à Paris, mes parents, émus par tant de passion, m’ont emmenée régulièrement au Jardin d’acclimatation où une tente abritait deux petits bassins d’eau de mer reconstituée dans lesquels évoluaient trois dauphins. En 1995, à l’occasion d’un séjour aux Canaries, lors d’une traversée entre Tenerife et La Gomera, je vis mes premiers dauphins libres. Ces derniers accompagnèrent le bateau durant quelques minutes.
Quel spectacle magnifique ! D’aussi loin que je me souvienne, j’espérais toujours, lorsque je me baignais dans la mer, voir arriver vers moi des dauphins et jouer avec eux. J’avais lu tant de récits à ce sujet.

Toujours en quête d’enrichissement de mes connaissances, je surfais sur Internet. Un site attira plus particulièrement mon attention, celui de Conscience dauphins. Je le parcourus entièrement, séduite par la possibilité de rencontres avec les dauphins libres proposée par Sophie Boyer, la fondatrice.

Je partis donc aux Açores avec mon époux et deux de nos trois enfants, en juillet 2011. Parvenus à Pico, mon cœur battait à tout rompre car j’allais faire la connaissance de Sophie. Je découvrais une femme d’une grande chaleur, au rire communicatif, à la sensibilité à fleur de peau. J’étais si heureuse de découvrir une personne qui avait décidé de consacrer son existence aux dauphins, leur portait ce même Amour.

Lors de vos visites dans les delphinariums, n’avez-vous pas eu l’irrésistible envie de plonger dans le bassin ? Moi si !
Mais, lorsque vous êtes sur le zodiac et que tout à coup vous vous retrouvez avec des dizaines de dauphins autour de vous et que vous vous dites « je vais pouvoir nager au milieu d’eux », le bonheur est incommensurable. Une légère appréhension de plonger au milieu de l’océan m’envahit quelques instants, malgré l’aisance que je possède dans cet élément. J’entrai dans l’eau et quittai le monde des humains pour celui des dauphins. Des milliers de cliquetis parvinrent à mes oreilles. Comment Mr Cousteau a-t-il pu appeler la mer « le monde du silence » ? Ils étaient présents tout autour de moi ; certains restaient prudemment au fond, d’autres passaient devant moi, puis s’éloignaient. L’un d’eux, plus curieux, se positionna face à moi. Il me scanna. Je le regardai, immobile, légèrement inclinée sur le côté comme lui. Cela l’amusa et nous débutâmes un ballet, lui imitant mes mouvements et moi faisant de même. Je savourais cet instant magique où nous étions yeux dans les yeux. Puis, il s’éloigna ainsi que ses compagnons et la mer devint silencieuse. Je ne fus pas déçue, mon cœur et ma tête emplis de merveilleuses images.

Je retournai au zodiac et tout à coup, j’entendis ces cliquetis si familiers. Je me retournai. Trois dauphins étaient revenus vers moi et semblaient me dire « Eh ! Tu pars déjà ? ». Je m’immobilisai et ils tournèrent autour de moi, superbes. J’entendis des appels du bateau. Je rentrais et leur dis par la pensée « Merci pour tout ce bonheur », l’entendirent-ils ? Au fur et à mesure que les jours passaient, la fatigue de l’arrivée s’atténuait et les séances de relaxation et de méditation, offertes par Sophie, ont achevé de me rendre l’énergie vitale qui m’avait quittée. Les échanges avec les dauphins furent de plus en plus riches. Ce n‘était pas le nombre de plongées qui était important mais leur qualité. Parfois, les dauphins n’étaient pas disponibles ; mais, nos yeux ne cessaient de s’émerveiller car nous croisions alors des cachalots ou des globicéphales. Quel apaisement de l’âme ces derniers amènent lorsqu’ils nagent paisiblement. Ils synchronisent leur souffle et le son provoqué par ce dernier est si beau ; ce serait une excellente aide à la détente et à l’endormissement. J’avais lu que la musique était appréciée des mammifères marins. Sous l’impulsion de Sophie, nous avons commencé à chanter sur le zodiac. Puis, lors d’une plongée, je continuais à chanter (un peu difficile avec le tuba dans la bouche, je le conçois). Je remarquais aussitôt que les dauphins étaient attentifs à la mélodie et approchaient à une distance moins importante.

Un autre facteur important durant ce séjour fût l’ambiance au sein du groupe de 16 personnes que nous formions. J’avais le sentiment d’une grande famille qui se réunissait pour les vacances d’été : deux couples avec respectivement 2 et 4 enfants des mêmes âges, deux mamies et quatre jeunes femmes. Je suis intimement persuadée que la richesse de notre relation a influencé notre comportement et, par conséquent, nos échanges avec les dauphins. Les gens qui ont le cœur ouvert sont dans le don mais aussi l’accueil du don.

Depuis mon retour, je survis car les rencontres quotidiennes me manquent terriblement. C’est la même sensation que lorsque l’on est séparé d’une personne que l’on aime profondément, un mal être que seul l’espoir de la revoir peut aider à survivre à cette absence.

Dans les delphinariums, il n’y a aucun échange entre les personnes, ce sont souvent de grandes masses de personnes qui s’agglutinent autour des bassins, crient, tapent sur les parois. Elles pensent ainsi attirer l’attention des animaux mais les agressent car ces prisonniers des bassins ne peuvent échapper à cette cacophonie. Les spectateurs n’attendent que de recevoir des dauphins, recevoir leur spectacle, recevoir la soi-disant rencontre avec ces derniers, agressant leur peau par les centaines de mains qui les touchent chaque jour. Il n’y a aucun échange entre les dauphins captifs et les visiteurs, tandis qu’en mer, chez eux, ils nous offrent le bonheur de venir vers nous et de nous offrir des échanges merveilleux.

Quand on est un dauphin libre, nourri à sa faim, membre d’une communauté soudée depuis sa naissance, imprégné d’amour, l’on ne peut que donner sans partage et c’est ce qu’ils font.

Quand on est un dauphin emprisonné, affamé, drogué, membre d’un petit groupe constitué au gré des arrivées dans le bassin, saoulé de bruit et de spectacles imposés, on ne pense qu’à mourir le plus vite possible et …c’est ce qu’ils font.

Merci à Sophie pour ces merveilleux cadeaux et que de nombreuses personnes te rejoignent pour rendre visite aux dauphins dans leur immense univers.

Sandrine