Huit heures du matin, embarquement. Tout le monde est fin prêt sur la grève, en silence, il règne une atmosphère de recueillement.
Que nous réserve la suite, chacun est centré sur ses fantasmes, imaginant le moment de la « rencontre », les yeux perdus dans le vague, retournés vers l’intérieur de son âme. Un sentiment mêlé de sérieux et de joie à la fois à l’idée de ce qui allait arriver.
Se réjouir à l’avance, imaginer la jouissance à venir, laisser derrière soi ce qui n’a pas lieu d’être là, qui n’a pas sa place.
Ça y est, le moteur s’arrête, on entend le clapotis de l’eau sur les remous. Ce bruit se porte dans mon ventre. C’est maintenant, l’étreinte monte, la gorge se serre et se desserre simultanément et soudain je me retrouve dans l’eau fraîche, dans ce bleu turquoise. Le silence extérieur rejoint le silence intérieur. Les mots s’envolent pour laisser place aux sensations et soudain il est là, surgi de je ne sais où, celui tant rêvé, tant attendu, tant espéré. Des larmes montent, l’immensité m’étreint, il me regarde, nos regards se croisent profonds et intenses, cela dure une seconde et l’éternité. Il m’invite, il tourne autour de moi dans cette volupté que seul lui sait avoir, il me frôle de toute sa grâce, je sens ses caresses, je devine ses pensées.
Son amour est dans tous ses gestes, dans chaque espace de sa peau et de la mienne, nous ressentons le même frisson à l’unisson.
Quelle communion, venue de si loin, de la nuit des temps, de la nuit de l’éternité.
Son corps se rapproche dans une grâce et un respect qui me bouleversent. Il me parle, me murmure des mots si doux que mon oreille en est émue.
Je me mets à danser autour de lui à mon tour, répondant à son appel, à sa tendresse.
De nouveaux nos regards qui se croisent, qui parlent, qui expriment ce que l’autre attend. Mon cœur est rempli, le sien aussi je le sais.
Je le touche, il m’emmène, l’eau glisse sur moi, je sens les bulles qui excitent ma peau, je suis là, je suis ailleurs, je suis nulle part.
J’aime, je veux que cela dure toujours. Il continue sa danse de séduction autour de moi, je l’enlace. Nous partageons tant de complicité et d’amour.
Josie Laure